Liliane Bettencourt : une collectionneuse émérite

Enregistrements clandestins, affaires politico-financières… Si la maison de Liliane Bettencourt a été au cœur de tous les scandales, son intérieur a rarement été dévoilé. Visite, entre tableaux de maîtres et mobilier précieux, avant de revenir sur les différentes propriétés de Liliane Bettencourt à travers le monde. Et l’occasion de découvrir une collection d’œuvres d’art d’une ampleur rare.

Un hôtel particulier habité d’œuvres d’art

Située dans le quartier de Bagatelle Saint-James, la rue Delabordère abrite quelques-unes des plus grandes fortunes de France, dont la demeure de la famille Bettencourt. Au numéro 18, derrière un portail noir et une allée de peuplier, la maison où vivait Liliane Bettencourt, héritière du groupe L‘Oréal, se dévoile, pourvue d’un vaste jardin et de cinq niveaux — en 2010, le magazine Capital publiait une enquête détaillée de sa structure (plus de mille mètres carrés) pièce par pièce, étage par étage. La chambre de Madame serait donc séparée de celle de Monsieur par un boudoir, le sous-sol abriterait une piscine de 30 mètres. Outre la collection de quelque 500 carrés de soie Hermès, l’hôtel particulier abrite de somptueuses excentricités à l’image d’une collection d’œuvres d’art hors-normes. Partout, les murs sont ornés de toiles signée Henri Matisse, Pablo Picasso, Fernand Léger et de Claude Monet — Le chemin à travers les iris (1914-17) est reconnaissable dans le salon. La demeure est bâtie à l’initiative du père de Liliane Bettencourt, Eugène Schueller, également propriétaire d’un logement dans le XVIe arrondissement de Paris, entre les murs des célèbres immeubles Walter, où le créateur Pierre Balmain vécut dans un appartement d’inspiration Art déco. Parmi les œuvres d’art, les amateurs reconnaîtront une sculpture en forme de chouette en résine de François Pompom (1855-1933) et plusieurs pièces de mobilier de l’artiste décorateur Jacques-Émile Ruhlmann. Dans les salons d’apparat, chefs d’État français et hommes politiques se sont succédés lors de grands dîners.

Une maison avec vue sur Bréhat et une île aux Seychelles

Dans les années 1920, Eugène Schueller fait construire une maison de vacances à la Pointe de l’Arcouest, dans les Côtes-d’Armor. La vue sur l’île de Bréhat y est imprenable, l’accès à la mer facile. Le président Georges Pompidou et son épouse Claude sont d’ailleurs des habitués, régulièrement invités à passer des séjours en bord de mer avec la famille Bettencourt.

Au cours de l’Affaire, une nouvelle propriété est mise sous les projecteurs : l’île d’Arros, un éden niché au cœur de l’océan indien, caye du groupe des îles Amirante, aux Seychelles. D’une superficie d’1,5 kilomètre carrés, elle aurait été acquise par Liliane et André Bettencourt en 1998. Dans une longue enquête publiée dans Vanity Fair, le journaliste Hervé Gattegno conte l’histoire de ce paradis acquis par le couple pour une somme rocambolesque — ils travaillent alors avec l’avocat René Merkt, à qui André Bettencourt aurait déclaré « Maître, nous allons faire une folie ! (…) Mon épouse et moi allons acheter une île. » Ils tombent sous le charme de ses plages immaculées, de sa nature sauvage et de ses eaux cristallines. Cédée en 2012 pour la somme de 60 millions de dollars selon Le Monde, Arros comptait plusieurs bungalows construits par l’architecte Jacques Couëlle en 1977, puis rafraîchis par le couple Bettencourt.